Tchernobyl, anatomie d’un nuage (Broché)

Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le courant alimentant le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl s'interrompit. L'alimentation de réserve et la pompe centrale de refroidissement tombèrent simultanément en panne. Le coeur du réacteur se mit à fondre. Dans la journée du 26, le graphite utilisé comme modérateur entra à son tour en fusion et, le 27, de violentes explosions détruisirent le dôme du réacteur, laissant échapper massivement dans l'atmosphère une radioactivité qui continua à se répandre sur tout l'hémisphère nord pendant deux semaines tandis que sur le site de la catastrophe se poursuivait l'incendie.

Les gouvernements firent immédiatement tout pour dissimuler l'événement, ou en minimiser les conséquences, aucun d'eux n'agissant cependant avec autant de tranquille mauvaise foi que les services publics français. La presse s'assura de gros tirages pendant quinze jours en publiant nombre d'éléments que le mensonge d'État entendait conserver secrets, mais en prenant soin de ne jamais aboutir à une forme même embryonnaire d'analyse raisonnée de la question nucléaire, ainsi revenue sur le devant de la scène ; puis, pressée par les impératifs commerciaux, elle retourna chercher ailleurs matière à ses « actualités ». En URSS, depuis lors, les ministres et vice-ministres tenus pour responsables de l'expérimentation à chaud des turbo-altemateurs ne cessèrent de valser, mais l'équivoque pas de deux entre la science et la technologie se poursuivit comme si de rien n'avait été. Le Comité Central déplorait simplement, en privé, que les travaux d'extinction de l'incendie aient absorbé les deux tiers de la production annuelle de ciment, et la quasi-totalité de la production annuelle d'air liquide.

Il importait pourtant que Tchernobyl ne produise pas seulement tout ce que ce complot du silence occulte, mais aussi un livre déterminé à en rassembler la vérité, et bien décidé à universellement déplaire.