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Pour l’écriture de votre nouveau roman, L’inconnue de la Seine, vous vous êtes inspiré d’un fait divers. Quel est-il et comment s’inscrit-il dans votre récit ?

C’est à l’âge de 17 ans, en lisant le roman Aurélien, au programme du bac de français, que j’ai entendu parler pour la première fois de la noyée de la Seine, une jeune femme qui a été retrouvée sur les berges parisiennes, à la fin du XIXe siècle. Ébloui par la sérénité de son visage, un employé de la morgue où elle avait été conduite en avait relevé une empreinte en plâtre pour réaliser un masque mortuaire. Au fil des décennies, le moulage a été dupliqué à des milliers d’exemplaires jusqu’à devenir une icône du Paris bohème des années vingt et trente. Le sourire énigmatique du masque et son détachement face à la mort font que l’on a parlé de « Joconde du suicide » pour le caractériser. Aragon y fait référence plusieurs fois et je me souviens très bien que j’avais été fasciné par la photographie du masque par Man Ray qui illustrait alors l’édition poche de l’ouvrage. L’inconnue de mon roman, qui se déroule de nos jours, est repêchée nue et amnésique dans la Seine, et conduite à l’infirmerie de la préfecture de police de Paris d’où elle va parvenir à s’échapper.
Comme souvent dans le processus d’écriture qui m’anime, ce nouveau roman s’enracine donc dans un temps long : une graine plantée très en amont qui germe pendant des décennies avant de pousser et de donner des fruits.

Dans ce nouveau roman, votre enquêtrice travaille pour le Bureau des affaires non conventionnelles. Pouvez-vous nous présenter cette unité et nous en dire plus sur ce personnage ?

En effet, le roman commence quand mon enquêtrice, Roxane Montchrestien, une flic d’une quarantaine d’années, est mutée au Bureau des Affaires Non Conventionnelles, une unité créée en 1971 pour enquêter sur des affaires un peu insolites auxquelles la police ne parvenait pas à apporter de réponses rationnelles. C’était l’époque de la passion pour le paranormal, les ovnis, le « réalisme magique »... La structure a compté une dizaine de personnes, puis est peu à peu tombée en déshérence, jusqu’à devenir un point de chute pour caser des flics un peu cabossés ou en délicatesse après une bavure. Avec le temps, ses effectifs ont fondu comme neige au soleil. Quand le roman commence, le BANC tourne à vide depuis des années, et n’est plus qu’une ligne budgétaire destinée à disparaître. Roxane, mise au placard par sa hiérarchie, sera donc vraisemblablement le dernier flic à occuper ce poste, où ils espèrent qu’elle se tiendra tranquille. Mais bien sûr, ça ne va pas du tout se passer ainsi ! Elle y hérite de l’énigme de l’inconnue de la Seine, une enquête qui est pour elle l’occasion de reprendre pied et de se prouver à elle-même qu’elle aime encore son métier de flic.

Quels sont les œuvres et les auteurs qui vous inspirent en tant qu’écrivain et lecteur ?

La lecture tient une très grande place dans ma vie depuis mon adolescence, et, je l’ai souvent dit, j’écris les livres que j’aimerais lire en tant que lecteur. Mais l’inspiration, ce mystère qui suscite souvent des questions, n’est pas un phénomène direct. On pourrait plutôt dire que les livres que j’aime ont fini par constituer une nébuleuse autour de moi, une galaxie où se nourrissent et grandissent mes idées. Parmi beaucoup d’autres, je pourrais citer Le Hussard sur le toit de Jean Giono, Sac d’os de Stephen King, La Tache de Philip Roth, et bien sûr celui qui a fait naître ma passion pour la lecture, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë.

© photo : Emanuele Scorcelletti