Photographica no 11 (Revue)

Ce numéro de Photographica explore ce qu'émulsions et brusques émissions de lumière artificielle provoquée par différents moyens techniques (du magnésium au stroboscope électrique en passant par les flashbulbs) font à la photographie. Il s'agit de mener une archéologie du flash capable d'échapper à un récit un peu étroit d'innovations technologiques successives débouchant finalement sur la victoire ultime de la photographie sur l'obscurité. Ce volume vise précisément à éviter de telles lectures linéaires afin de prendre le flash, entendu ici comme une brusque émission de lumière par opposition à l'utilisation de la lumière artificielle en continu, non seulement comme une technique, mais aussi comme un point d'articulation possible entre différentes écritures de l'histoire de la photographie. Dispositifs socio-techniques, l'éclair au magnésium puis le flash ont contribué à conférer à la photographie sa perspective distincte sur le monde, cet « inconscient optique » (Walter Benjamin) lié à sa capacité à faire apparaître ce qui échappe à la vue humaine. Depuis ses premiers développements dans les années 1860, la maîtrise de la fulguration s'inscrit dans une histoire longue de la figuration du monde photographiable. Ce numéro en propose une histoire envisagée dans ses imaginaires et usages sociaux. Les articles, entretiens et focales sur des objets et des images spécifiques traitent donc non pas simplement d'inventions techniques, mais aussi et surtout des conditions sociales, économiques, politiques et esthétiques de la maîtrise et de l'usage de dispositifs de flash, ainsi que des cultures visuelles qui en découlent – dans des espaces aussi variés que les mines, les intérieurs de fermes, et les bacs de développement des chambres noires photographiques.