LE MONDE EN SOI T.I et T.II - Jean Barral (Grand format)

Pour surmonter puis me délivrer d'un état moral obsédant qui empoisonnait mon existence, le seul recours intime à créer en soi contre les défis du monde, ses lourdes oppositions, ses incertitudes, son indifférence au désir d'accomplissement qui anime chacun de nous, me sembla le pouvoir de l'écriture. Un geste simple, ordinaire, presqu'aussi naturel que la parole. Mais qui, si l'on s'y consacre, permet de clarifier le flux mental que le fait « d'être-au-monde » entretient pour soi, en redonnant ainsi de la force à notre assise, à notre présence. La poésie est la voie suprême.

Son accès est un mystère car elle est détachée du réel oppressif. Le choix d'y accéder, s'il est décisif, suffit quelquefois, mais l'écriture perd son pouvoir. Elle est dominée et le mystère subsiste.

L'écriture d'un scénario de film se plait à imaginer les futures images. Je m'y suis consacré, entretenant l'espérance de réaliser plus tard moi-même ces images. Aucun film n'ayant suivi aucun scénario, tombent les contraintes que celui-ci impose. Le récit qui le structure se trouve libéré et l'écriture s'en empare.