Le grand maître du chaâbi algérien

Le genre chaâbi, comparable au blues, au tango argentin ou au fado portugais, a été inauguré au début du 20ème siècle par Cheikh Mustapha Nador, mort en 1926, qui a su capter et faire fructifier l'héritage du melhoun (poésie magnifique issue du Sud marocain, sorte de littérature orale maghrébine). Il a connu ses véritables heures de gloire à l'aube des années 30-40 sous la houlette de Aït Ouarab Mohand Ouyidir Halo, surnommé El-Anka (le phénix), né le 20 mai 1970 à la casbah d'Alger, au 4, rue Tombouctou, au sein d'une famille modeste issue de Kabylie. El-Hadj, titre qui lui a été attribué après un pèlerinage à la Mecque, a d'abord "tapée du târ (tambourin pourvu de petites cymbalettes) au sein de l'orchestre de Nador avant de voler de ses propres ailes. Doué d'une clairvoyance peu commune, El-Anka a fondé sa renommée en s'attaquant, lui le kabyle urbanisé, à ce bastion réputé inaccessible qu'était la musique courtisane citadine, longtemps chasse gardée des couches aisées.