Biographie d'Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951) - 3. Premiers pas dans la vie religieuse (18 mars 192

Ce tome 3 de la biographie définitive d'Yvonne-Aimée est dramatique, plus encore que le précédent, mais le drame s'intériorise, s'approfondit et, déjà, porte fruit. Le 18 mars 1927, Yvonne, jusque là jeune fille libre et aventureuse (tome 2), s'enferme dans une clôture stricte et confinée. Même si le Seigneur soulage sa claustrophobie par des bilocations pleines de risques qui laissent en place son corps physique - «la clôture n'a pas de toit», plaisante-t-elle - elle adhère à tout, inconditionnellement. Mais sa nature se révolte, les maladies se succèdent et l'amènent aux portes de la mort. Une multitude de témoins, médicaux et spirituels, nous ont permis de reconstituer l'événement de sa survie, médicalement impossible, et ce dans des circonstances invraisemblables mais incontestables. Ce retour à la vie métamorphose la suite de sa mission : c'est une morte en sursis, de plus en plus active et efficace. Discrète et soumise comme le requiert sa formation, la jeune novice sans fonction ni pouvoir, entraîne irrésistiblement le renouveau total de sa Communauté dans tous domaines. Elle réalise la révision des Constitutions de 1631 : excellentes autrefois mais désuètes ; rebâtit et rénove le vieux couvent écroulé et y adjoint une immense clinique moderne ; prend l'initiative de rassembler, dans la Fédération des Augustines Hospitalières, des communautés jusque-là dispersées. Pour ce faire, à Rome, elle voit deux fois Pie XI et obtient l'impossible. Tout cela, au contact de Dieu même. Là est l'essentiel du livre, que jalonnent les lumières de sa vie spirituelle. Sa vie personnelle est éloquente en actes concrets et variés et en paroles : correspondances et diaires spirituels. Comment arrive-t-elle à écrire malgré ses charges : cuisinière en chef de la communauté et de la vaste clinique, aide économe, et tant d'obstacles ? Cependant, sa destinée insolite, son activité aux frontières de l'impossible, font basculer sa Supérieure et son confesseur de l'admiration dans une opposition mortifiante. Sa vie devient intenable. Elle accepte tout, mais pense devoir partir. Elle «paie» en épreuves la révolution souterraine qu'elle suscite, sans à-coups dans la vie de sa communauté. Dans l'esprit de la nouvelle Histoire, ce livre retrace aussi la vie quotidienne d'un couvent d'entre les deux guerres, proche du Moyen Age. Yvonne le rénove par son style direct, étranger aux artifices comme aux formalismes de l'époque, mais dans la paix. Finalement, ses charismes de jeune religieuse (30 ans à peine) reçoivent, malgré elle, consécration, par une fonction d'autorité qui annonce son irrésistible ascension. Un récit concret, semé de surprises révélatrices des profondeurs de Dieu.